Dans un contexte économique qui pourrait se dégrader durant les prochains mois, le positionnement de R-co Valor privilégie actuellement une approche prudente.
Les spécialistes de Rothschild & Co Asset Management étaient récemment de passage à Bruxelles pour détailler leur scénario macroéconomique pour les prochains mois, et les conséquences de cette analyse pour le positionnement de leur stratégie vedette : R-co Valor. Dans un premier temps, Philippe Lomné, gérant obligataire et co-gestionnaire de R-co Valor Balanced souligne que le marché se montre probablement trop optimiste dans l’agenda de baisse des taux au niveau américain. « Il est raisonnable de douter des attentes du marché pour une baisse du taux directeur dès le mois de mars ».
« La Réserve Fédérale souhaitera maintenir sa crédibilité alors que le Trésor américain fait face à d’importants besoins de refinancement avec une dette équivalente à 100 % du PIB en 2024, qui devrait atteindre les 120 % à horizon 2033 si rien ne change. ». Il souligne également que le scénario de baisse des taux est également peut compatible avec une économie américaine qui reste proche du plein emploi et qui se refuse à entrer en récession.
Menace sur la consommation
De son côté, Yoann Ignatiew (photo), Associé-Gérant et Responsable de la gamme Valor souligne que le scénario privilégié par les marchés (baisse de l’inflation, croissance des bénéfice de 12 % sur le S&P 500 et de 7 % à 8 % en Europe) reste « possible », mais il indique que plusieurs signaux pointent actuellement vers un ralentissement de la croissance durant les prochains mois, avec notamment une tension sur le niveau de créances douteuses auprès des entreprises spécialisées dans l’émission de cartes de crédit.
« À ce stade, nous n’anticipons toutefois pas une grosse récession pour l’économie américaine en 2024 ». Le marché du travail reste en effet tendu aux États-Unis, mais également dans la Zone euro avec un taux de chômage qui est tombé vers 6,5 %. « L’épargne accumulée durant la crise sanitaire s’est toutefois largement résorbée, et son impact sur le consommateur américain devrait être moins important », prévient encore Yoann Ignatiew. « L’Américain aime consommer, et si les dépenses reculent, c’est le principal moteur de l’activité économique qui sera grippé », car 80 % de la croissance en 2023 est venue de la consommation privée.
Approche prudente
Pour ce qui est des incertitudes géopolitiques, il se veut rassurant. « Jusqu’ici, tous les événements qui se sont produits ces dernières années n’ont pas provoqué de hausse durable de la volatilité sur les marchés financiers. En dehors d’un potentiel impact sur le prix des matières premières et du pétrole, les marchés se sont montrés généralement peu concernés par les nouvelles récentes ». Il souligne toutefois que les élections américaines et européennes pourraient toutefois avoir des enjeux plus cruciaux, avec notamment une remise en cause des programmes d’investissements aux États-Unis en cas d’élection de Donald Trump, et un renforcement des extrêmes en Europe pourrait peser sur les actifs financiers.
« Dans l’ensemble, ce contexte permet de penser qu’il sera possible de trouver de meilleurs niveaux pour revenir sur les marchés boursiers durant le reste de l’année, et justifie notre approche relativement prudente à l’entame de 2024 », souligne Yoann Ignatiew.
Attrait du rendement
R-co Valor est actuellement exposé à seulement 67 % sur les actions, soit le plus bas niveau depuis 2009. « Nous avons réduit notre exposition sur les valeurs financières, sur les producteurs de ressources naturelles et sur les valeurs industrielles. Dans le même temps, nous avons relevé notre exposition sur des noms plus défensifs ».
Les obligations à court terme et les placements monétaires représentent 33% de l’allocation. « Au vu des besoins de refinancements des états, nous attendons une augmentation des taux à long terme sur les obligations souveraines. Nous préférons donc les placements à court terme, car nous sommes à l’heure actuelle bien rémunérés pour attendre ».
En termes de ventilation géographique, l’Amérique du Nord représente 52 % du portefeuille boursier, contre des poids de 21 % en Europe, de 21 % en Chine et de 6 % en Amérique Latine.
De son côté, R-co Valor Balanced est investi à hauteur de 34 % en actions, 55 % en obligations et 11 % en monétaire. Si la poche actions de R-co Valor Balanced réplique l’allocation de R-co Valor, au sein de la poche obligataire « De manière générale, nous continuons à privilégier les sociétés avec des endettements faibles et une capacité à maintenir des cash-flows élevés. Nous sommes toujours prudents sur la partie des corporate les moins bien notées. Nous procédons à une gestion tactique de la sensibilité car nous pensons que les investisseurs se montent trop optimistes dans leurs anticipations de baisses de taux directeur en 2024, le calendrier nous semble notamment trop précoce. »
Exposition chinoise
Yoann Ignatiew souligne que les actions chinoises restent sous pression à l’entame de 2024, avec un comportement qui reste totalement déconnecté des autres grands marchés boursiers. « La banque centrale offre aujourd’hui un soutien important au secteur immobilier, qui devrait permettre une forme de stabilisation lorsque la confiance des consommateurs se redressera ».
Il souligne avoir continué à acheter des positions sur la Chine dans un contexte où les investisseurs internationaux continuent de vendre. « Ce pays reste une zone d’opportunités où il est possible de trouver de la valeur, et nous avons plutôt eu tendance à relever notre exposition sur certains noms (Kingdee International, Alibaba, Ping An Insurance), voire initier des positions (Contemporary Amperex Technology), tout en baissant notre exposition sur la technologie américaine, où les attentes bénéficiaires pour 2024 pourraient décevoir ».