Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
Guerre en Ukraine, conflit au Moyen-Orient, incertitudes liées à la présidence Trump, récession allemande, crise politique française… les facteurs de volatilité ne manquent pas. Et pourtant, elle est toujours basse. Sur l’année écoulée, la volatilité implicite sur les devises est restée quasiment toute l’année sous 1% en moyenne. C’est pourtant un compartiment de marché réputé pour répercuter plus fortement la hausse du risque. Il y a une seule exception : la volatilité journalière sur l’USD/JPY a bondi à 2,5% au cours de l’été à la suite de la hausse inattendue des taux par la Banque du Japon. Beaucoup de fonds américains n’avaient pas couvert leurs positions sur le marché des changes. Ils ont donc été pris par surprise.
À qui la faute ? Les banques centrales sont le coupable tout désigné. Depuis la crise financière de 2007, elles ont comprimé la prime de risque sur les marchés financiers afin d’éviter un emballement des taux. À tel point qu’elles agissent désormais comme des market makers sur des maturités de dette allant jusqu’à cinq ans dans la plupart des pays développés et sur des maturités pouvant aller jusqu’à dix ans au Japon.
Prenons l’exemple de l’épisode de la censure en France. C’est l’action de la Banque Centrale Européenne (BCE) qui explique, en partie, pourquoi le taux d’emprunt à dix ans de la France est resté sous le seuil des 3 %. Officiellement, la BCE n’est pas intervenue. Officieusement, les données de marché livrent une interprétation un peu différente. La BCE est en train de faire pivoter sa clé de répartition qui lui permet d’intervenir sur le marché secondaire de la dette. En temps normal, elle vend les titres qu’elle détient, elle ne réinvestit pas ceux qu’elle porte dans son bilan lorsqu’ils viennent à échéance. Jusque-là, rien d’anormal. Mais on constate sur les dernières semaines qu’elle a réinvesti un peu sur les titres français. C’est une intervention feutrée sur le marché mais qui a certainement permis de passer cette échéance politique à haut risque sans trop de remous.
Est-ce qu’une présidence Trump, par nature plus imprévisible, peut changer la donne et créer plus de volatilité ? C’est loin d’être certain…
Perspectives
Après la BCE, c’est au tour de la Réserve Fédérale (Fed) de passer sur le grill. Nous avons du mal à comprendre le débat opposant ceux qui prévoient une pause et ceux qui tablent sur une baisse des taux de 25 points de base dont nous faisons partie. Certes, le PCE core reste élevé mais on voit mal la Fed faire une pause maintenant alors que le cycle d’assouplissement est à peine entamé et que le taux neutre est encore loin de portée. C’est un faux débat selon nous. Nous serons fixés dès ce mercredi.
Le saviez-vous ?
Selon un rapport de 2019 du Government Accountability Office, certaines agences étatiques américaines ont recours à des systèmes informatiques qui ont été créés il y a…51 ans !