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« Nous sommes encore loin d’une récession  »

Le contexte économique américain reste favorable aux marchés boursiers, avec des politiques fiscales qui vont rester expansionnistes à moyen terme.

Depuis août 2020, Gianluca Lobefalo occupe la fonction de conseiller en macroéconomie chez Varenne Capital Partners, après une formation universitaire en économie qui l’a fait (notamment) passer par l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve, et une carrière professionnelle qui lui a fait occuper diverses fonctions chez JP Morgan, Schroders ou encore   Morgan Stanley.

Il est plus particulièrement actif dans le pôle de gestion qui s’occupe de la couverture des risques extrêmes (Tail Risk Hedging), une des quatre stratégies utilisées dans les fonds gérés par Varenne Capital Partners, avec un budget de risque maximal de 1,5% des actifs sous gestion. Ce département a la possibilité de prendre des couvertures sur cinq grandes classes d’actifs (actions, crédit, taux, forex et matières premières) afin de protéger la performance du fonds lors des phases de forte volatilité. Il a récemment présenté le scénario macroéconomique sur lequel cette équipe se base pour mettre en place les différentes couvertures du pole Tail Risk Hedging.

Pas de catastrophe

Au niveau de l’environnement macroéconomique, Gianluca Lobefalo souligne que la décision de la Reserve Fédérale de baisser ses taux était largement attendue par le marché. « Le plus important à l’heure actuelle c’est la direction qui sera prises lors des prochaines réunions de la Réserve Fédérale, et combien de baisses nous allons avoir en 2024 et 2025. Notre scénario de base continue d’intégrer un scénario d’atterrissage en douceur pour l’économie américaine ».

« Les dernières données publiées sur la croissance aux Etats-Unis, mais également en Europe, pointent vers un ralentissement de l’activité économique, mais clairement pas vers une récession ». Il souligne que la croissance américaine devrait ainsi ressortir à 2,5% pour l’année en cours, avant de ralentir vers 2% l’année prochaine. « Nous sommes encore loin d’un scénario catastrophe ».

Inflation contrôlée

Dans le même temps, il souligne que l’inflation est en train de baisser, avec des données récentes qui pointent désormais sur un rythme annualisé qui se situerait davantage en ligne avec les objectifs des banques centrales. « La politique menée par les banquiers centraux est en train de marcher. Sur le long terme, nous pensons qu’il existe toutefois des forces qui vont contribuer à maintenir l’inflation sur un niveau plus élevé », notamment l’expansion fiscale dans les pays développés, les politiques climatiques, la hausse du protectionnisme et le recul de la globalisation.

Pour l’année prochaine, il s’attend à une inflation qui devrait tourner autour de 2%, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. « A l’inverse, la Chine fait aujourd’hui face à l’éclatement de sa bulle immobilière qui va provoquer une forte déflation, avec un taux de long terme qui est désormais passé en dessous des taux japonais de même maturité ».

Gianluca Lobefalo estime également que la politique fiscale américaine va rester « super expansive » en 2025, quel que soit le vainqueur des prochaines élections présidentielles. « Dans mon expérience, l’impact des élections américaines est souvent très faible. La politique fiscale va rester un facteur de soutien, avec un protectionnisme et des tarifs sur les importations chinoises qui ne va pas différer fortement entre Kamala Harris et Donald Trump ». Et en Europe aussi, il estime que les interventions récentes de Mario Draghi ont mis en avant le besoin de poursuivre une politique fiscale expansionniste, notamment en développant un instrument comme l’Eurobond

Baisse des taux

« La baisse des taux est de nature à constituer un soutien pour les valorisations, notamment pour les valeurs de croissance et le secteur technologique », indique Gianluca Lobefalo. La baisse des taux permet en effet d’actualiser les flux de trésorerie futur sur un niveau plus élevé « A moins d’avoir une récession que nous n’anticipons par à l’heure actuelle, je ne pense toutefois que nous connaîtrons encore une période avec des taux très bas voire négatifs, comme ce fut le cas durant la décennie précédente ».

La baisse des taux a également eu un impact au niveau des devises. « Les derniers mois ont été marqués par une bipolarisation importante dans les décisions des banques centrales, avec 25 baisses de taux à 10 hausses. Le mouvement le plus marquant a été orchestré par la Banque du Japon, qui a remonté son taux directeur à deux reprises (pour la première fois en vingt ans), ce qui a provoqué une appréciation spectaculaire de la devise ».

Protections

Au niveau des fonds proposés par Varenne Capital, plusieurs couvertures sont actuellement en place pour répondre à l’analyse macroéconomique mise en avant par Gianluca Lobefalo. « Le principal risque par rapport à notre scénario est l’arrivée d’une récession, avec une baisse supérieure aux attentes de la production manufacturière qui nécessiterait une baisse rapide du taux directeur américain. Notre politique de couverture vise donc à se protéger contre un tel événement », en se positionnant notamment à la hausse sur le yen face au dollar, et sur une normalisation de la courbe des taux américains (baisse des taux courts).

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