Les ventes à découvert consistent à spéculer sur la baisse d’une action en vendant les titres sans les posséder avec l’espoir de les racheter quand le cours sera plus bas. Le bénéfice provient de la différence de cours entre les prix de vente et d’achat. Ces positions sont généralement prises sur des durées très courtes. On appelle aussi cette opération vendre short ou shorter une action.
Comment peut-on vendre un titre sans le posséder ?
Dans ce cas, le vendeur va emprunter les titres à un détenteur (un fonds par exemple) pour les vendre à un certain prix. Il espère que le cours de ces titres va ensuite baisser. Il pourra alors les racheter à un prix inférieur et les rendre au détenteur initial. Le détenteur des titres les aura prêter moyennant une rémunération (un loyer). Le détenteur des titres va également exiger une garantie pour ce prêt sous la forme d’une mise en gage de titres de bonne qualité.
Ces pratiques sont souvent décriées. On accuse les fonds de prêter leurs titres à des acteurs qui jouent ces valeurs du portefeuille à la baisse. Certains craignent que ces pratiques fragilisent les marchés financiers. Il est vrai que ces opérations entraînent davantage de risques et de coûts que les opérations d’achats et ventes de titres traditionnelles. D’autres, au contraire, assurent que ces ventes à découvert permettent de maîtriser certains risques et favorisent l’efficience des marchés.
De bonnes pratiques ?
Ces ventes à découvert sont-elles condamnables ou sont-elles éthiquement responsables ?
Dans une étude, la firme Schroders étudie l’impact socialement responsable des ventes à découvert et soulève plusieurs aspects de ces ventes. «La vente à découvert ne nuit pas directement à la santé d’une société, de la même manière que l’achat d’actions d’une société n’améliore pas non plus ses fondamentaux. La question n’est donc pas tant de savoir si la vente à découvert est éthique, mais plutôt comment les investisseurs appliquent la vente à découvert », explique Duncan Lamont de chez Schroders.
Il convient donc d’analyser le comportement des vendeurs. Duncan Lamont distingue plusieurs types de vendeurs à découvert :
- Le sélectionneur d’actions (strokpicker) qui a repéré des valeurs surévaluées et qui se positionne pour mieux profiter de la baisse future. Il favorise alors l’efficience des marchés.
- Le vendeur activiste qui va provoquer la chute des cours. « Il recherche la publicité et avance des arguments expliquant les raisons pour lesquelles une entreprise serait surévaluée. Cette démarche a un côté positif car elle contraint la direction de l’entreprise à corriger certaines faiblesses dans son organisation ». Ce sont ces vendeurs qui font la mauvaise réputation des ventes à découvert parce que, parfois, ils répandent de fausses rumeurs et peuvent ainsi mettre en danger des entreprises saines.
- Le gestionnaire de risques qui veut protéger son portefeuille d’une éventuelle baisse des cours. « Un investisseur peut acheter une action sur laquelle il a un avis positif et, en même temps, prendre une position courte avec un contrat à terme sur l’indice boursier. Ce procédé lui permet de compenser une baisse du cours de l’action en cas de baisse de l’ensemble du marché et donc aussi de l’action ». Dans ce cas, la vente à découvert est un instrument de protection qui n’affecte pas l’entreprise sous-jacente.
- L’algorithme qui profite des tendances du marché. « Il adopte une position longue lorsque les marchés montent et courte lorsqu’ils baissent. Il s’agit souvent de stratégies qui sont appliquées de manière systématique sur la base d’algorithmes. Leur côté émotionnellement distant implique qu’on ne peut pas les accuser d’essayer de déclencher une baisse de prix. Leur stratégie d’investissement est basée sur les mathématiques de haut vol ».
En conclusion, la vente à découvert est une technique assez complexe réservée aux professionnels. Les fonds et sivav, et plus spécifiquement les ETF, pratiquent souvent le prêt de titres et favorisent ainsi la technique de vente à découvert. La vente à découvert n’est pas condamnable en tant que telle mais ce sera plutôt la façon dont elle sera appliquée qui sera ou non condamnable.