La Réserve fédérale américaine devrait maintenir ses taux inchangés lors de sa réunion de mercredi prochain. Le niveau actuel restera ainsi entre 4,25 % et 4,50 %. Cependant, les indicateurs économiques américains perdent de leur éclat. De ce fait, les marchés anticipent désormais trois baisses de taux cette année, alors qu’au début de l’année, ils n’en envisageaient guère plus d’une. C’est ce qu’affirme Michael Krautzberger, Global CIO Fixed Income chez AllianzGI.

Un optimisme de marché dissipé
L’euphorie initiale des marchés après la réélection de Trump et la victoire des Républicains en novembre s’est désormais estompée. La politique commerciale et budgétaire de la nouvelle administration Trump, ainsi que d’éventuelles mesures de rétorsion de la part des partenaires commerciaux, ont remis en question les perspectives de croissance optimistes pour l’économie américaine en 2025. Cela soulève également des doutes sur la performance relative de la croissance des États-Unis par rapport au reste du monde.
Après une croissance moyenne du PIB réel de 2,7 % entre 2022 et 2024, les prévisions pour 2025 sont rapidement revues à la baisse. Une croissance inférieure à la tendance (moins de 2 %) semble de plus en plus probable. Le risque de récession au cours des douze prochains mois a augmenté, bien qu’il reste statistiquement faible et ne constitue pas encore le scénario de base. Beaucoup dépendra de la réaction politique de Trump. Il pourrait adoucir son discours protectionniste si les risques pesant sur la croissance s’accentuent et que les marchés financiers poursuivent leur déclin. Néanmoins, les restrictions budgétaires et un durcissement de la politique migratoire continueront de peser sur la croissance.
Une santé financière sous pression
À court terme, les indicateurs économiques américains perdent de leur éclat. La santé financière des consommateurs est mise à mal, comme en témoignent les avertissements sur les bénéfices des enseignes de distribution et la hausse des anticipations d’inflation (4,3 % selon l’enquête de l’Université du Michigan auprès des consommateurs). Les ménages craignent une baisse de leur revenu disponible en raison de la montée des tarifs douaniers. Le président de la Fed, Jerome Powell, a réaffirmé dans son dernier commentaire sa conviction que « l’économie américaine continue de bien se porter », mais les marchés financiers sont plus sceptiques.
Bien que le taux de chômage reste historiquement bas à 4,1 %, les données du marché du travail indiquent un affaiblissement, et ce, avant même l’impact des futures restrictions budgétaires. Les petites entreprises, en particulier, hésitent à embaucher en raison de la hausse des coûts liée aux tarifs douaniers sur les importations.
Des risques haussiers
En décembre, la Fed a relevé sa prévision d’inflation pour 2025 à 2,5 %, mais les nouveaux tarifs commerciaux ajoutent des risques supplémentaires à la hausse. Ces éléments devraient être reflétés dans les nouvelles projections de la Fed en mars. La banque centrale navigue entre un ralentissement de la croissance et des pressions inflationnistes. À court terme, sa politique restera probablement modérée, mais cela pourrait changer rapidement. Des baisses de taux visant à soutenir l’économie pourraient être envisagées dans les mois à venir.
Au début de l’année, à peine une baisse de taux était anticipée par les marchés des taux d’intérêt à court terme pour 2025 ; ces dernières semaines, les marchés en prévoient désormais trois. Le taux des obligations d’État américaines à 2 ans est revenu à 4 %, soit le niveau d’avant les élections américaines de novembre dernier.
Dans ces conditions de marché, nous considérons que les stratégies de pentification de la courbe des taux américaines (parier sur un redressement de la courbe des taux) constituent la position de portefeuille la plus appropriée.
Commentaire bourse – Christopher Dembik de Pictet AM – 14 Mars