L’Allemagne a voté. La nouvelle répartition des sièges au Parlement a été finalisée et de nombreux acteurs du marché des capitaux espèrent un gouvernement favorable aux entreprises. Le résultat des élections est qu’aucune coalition tripartite n’est nécessaire pour former un gouvernement. Cela facilite les négociations de coalition. Friedrich Merz, le chef de file de la CDU (centre-droit), souhaite former un gouvernement avant Pâques. Cela pourrait se produire avec les sociaux-démocrates du SPD, affirme Christoph Berger, CIO Equity Europe, d’Allianz Global Investors. Le nouveau gouvernement pourrait relancer l’économie allemande en difficulté.
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Ces dernières années, de nombreuses entreprises allemandes se sont dissociées de la faible croissance économique du pays. C’est ce qui ressort de la hausse des bénéfices et des cours des actions des sociétés cotées au DAX, qui ont augmenté de 19 % en 2024 et de 12 % jusqu’à présent en 2025. Pourtant, ces entreprises réalisent encore environ 20 % de leurs ventes en Allemagne. Un gouvernement favorable aux entreprises pourrait stimuler l’économie nationale et créer des conditions d’établissement plus favorables.
Des investissements importants sont nécessaires
Les coûts élevés de l’énergie et de l’électricité constituent un défi majeur, en particulier pour les industries à forte consommation d’énergie. Des investissements sont nécessaires pour améliorer l’efficacité des réseaux électriques, des infrastructures et du secteur de la défense. Toutefois, l’investissement le plus important reste l’éducation, y compris le transfert de connaissances aux entreprises. Un environnement attrayant pour les start-ups et l’innovation peut contribuer à la réussite commerciale des nouvelles technologies.
Ces dépenses nécessaires sont difficilement compatibles avec le frein à l’endettement de l’Allemagne, qui limite la dette publique. Toutefois, un assouplissement comporte le risque que les fonds supplémentaires ne soient pas dépensés de manière efficace. Il est également possible d’utiliser des « fonds spéciaux », c’est-à-dire des budgets financés par la dette à des fins spécifiques. Par exemple, trois fonds de 100 milliards d’euros chacun pour la défense, les infrastructures et l’éducation.
Vers une nouvelle coalition
Il est probable que Friedrich Merz, leader de la CDU, devienne le nouveau chancelier. Étant donné que le FDP et le BSW ne sont pas entrés au Bundestag, une coalition CDU/CSU-SPD – ce que l’on appelle une « grande coalition » – semble être l’issue la plus probable. Cette combinaison a déjà existé par le passé, y compris sous Angela Merkel. Toutefois, une majorité des deux tiers est nécessaire pour modifier le frein à l’endettement, ce qui signifie que l’opposition doit apporter son soutien ou que des méthodes de financement alternatives, telles que des fonds spéciaux, sont nécessaires.
M. Merz a fait campagne en faveur d’une baisse des impôts, d’une diminution des réglementations et d’une réduction des dépenses sociales, tandis que le SPD a mis l’accent sur la justice sociale, l’investissement dans l’éducation et les infrastructures, ainsi que sur la réduction des coûts énergétiques. Il reste à voir dans quelle mesure les parties parviendront à un compromis. Il existe toutefois des priorités communes, telles que l’investissement dans les infrastructures, les énergies renouvelables et la numérisation.
Influence du marché des capitaux
Un gouvernement favorable aux entreprises peut relancer l’économie allemande, notamment grâce à des réductions d’impôts et à la déréglementation. Cela stimulerait également la consommation intérieure. L’Allemagne devra également jouer un rôle plus actif dans l’UE et dans le monde, en particulier compte tenu des incertitudes entourant la seconde présidence de Donald Trump.
Des réformes sont nécessaires pour réduire les charges bureaucratiques et renforcer la compétitivité de l’Allemagne et de l’UE. Merz préconise moins de réglementation et le principe « une nouvelle règle, deux anciennes règles disparaissent ».
Secteurs susceptibles d’en bénéficier
Du point de vue de l’investissement, certains secteurs pourraient bénéficier d’une nouvelle coalition :
- Petites et moyennes entreprises (PME): Moins de bureaucratie réduit leurs coûts fixes et une demande intérieure plus forte leur est favorable.
- Infrastructure numérique et énergétique: Les entreprises qui parient sur l’IA et la numérisation, par exemple dans les secteurs de la santé, de la construction et des services publics, bénéficient d’un environnement propice à l’innovation.
- Défense et cybersécurité: L’augmentation des budgets de défense permet aux entreprises de ces secteurs de se développer.
En résumé, un nouveau gouvernement qui met l’accent sur l’investissement, la réduction des impôts et de la bureaucratie pourrait donner une impulsion positive à l’économie allemande et au marché des capitaux.
Commentaire bourse – Christopher Dembik de Pictet AM – 24 février