- Nous pensons que la Banque nationale Suisse réduira ses taux de 25 points de base lors de la prochaine réunion du26 septembre afin d’empêcher le franc suisse (CHF) de continuer à s’apprécier par rapport à l’euro.
- Les pressions à la hausse sur le franc suisse reprendront dans un avenir proche si la Banque nationale suisse (BNS) n’intervient pas sur les marchés des changes, ne réintègre pas le territoire des taux négatifs ou ne s’engage pas dans un mélange des deux.
Commentaires de Martina Honegger-Romahn, Gérante obligataire senior Suisse, en amont de la réunion de politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS) du 26 septembre 2024
En 2022, alors que l’inflation faisait rage dans le monde entier, les banques centrales se sont empressées de relever leurs taux : la Fed américaine a augmenté ses taux de 0 % à 5,25 %, la BCE de -0,5 % à 4 % et la BNS de -0,75 % à 1,75 %[1]. Deux ans plus tard, l’accent n’est plus mis sur la maîtrise de l’inflation, mais sur la garantie d’un « atterrissage en douceur » (soft landing) pour certaines des plus grandes économies du monde. Pour la Suisse, le problème est que le taux de la BNS est actuellement de 1,25 %[2], ce qui signifie que la banque centrale ne peut réduire ses taux que 5 fois (en supposant des réductions de taux de 25 points de base) avant d’entrer dans le territoire des taux négatifs. La Fed américaine, quant à elle, peut réduire ses taux 19 fois (même après la baisse de 50 points de base) et la BCE 14 fois avant que les taux ne deviennent négatifs. Cela suggère que la pression à la hausse pour le CHF reprendra dans un avenir proche si la BNS n’intervient pas sur les marchés des changes, ne revient pas en territoire de taux négatifs ou ne s’engage pas dans un mélange des deux.
Nous nous attendons donc à ce que la BNS réduise ses taux de 25 points de base lors de la prochaine réunion du26 septembre afin d’empêcher le franc suisse de continuer à s’apprécier par rapport à l’euro. Cette décision permettrait non seulement de protéger le marché des exportations, mais aussi de soutenir le marché intérieur qui stagne depuis un certain temps : la croissance du PIB en glissement annuel (en tenant compte des événements sportifs) est inférieure à 1 % depuis la mi-2023 et les indices PMI manufacturiers sont inférieurs à 50 depuis le début de l’année 2023[3]. En outre, le contexte économique du plus grand marché d’exportation de la Suisse, l’Allemagne, est malheureusement en déclin. Au moment de la publication de ces commentaires[4], les taux des swaps indexés sur le taux à un jour prévoient des réductions de 35 points de base lors de la réunion de septembre de la BNS et un total de 70 points de base d’ici la fin juin 2025, ce qui indique que les observateurs du marché s’attendent à ce que la BNS réduise ses taux en dessous du taux neutre de 1 %.
Nous pensons que la BNS va continuer à réduire les taux d’intérêt en accord avec les autres banques centrales. Mais la vraie question est de savoir quand elle décidera d’arrêter les baisses de taux et de recourir à des méthodes non conventionnelles pour stabiliser l’économie.
[1] Bloomberg, interest rates, 22/06/2023
[2] Bloomberg, interest rates, 20/06/2024
[3] Bloomberg, interest rates, 02/09/2024
[4] Bloomberg, interest rates, 17/09/2024
Commentaire bourse – Christopher Dembik de Pictet AM – 18 décembre