La semaine du travail
César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements, Pictet Wealth Management.
REVUE HEBDOMADAIRE
Après un début inquiétant, les marchés boursiers américains ont clôturé le mois d’août sur une note plus équilibrée, les acteurs espérant en«atterrissage en douceur» (le rapport sur l’emploi non agricole de cette semaine sera décisif) et une baisse des taux de la Fed, tandis que les indicateurs de l’inflation restaient stables. L’un des temps forts de la semaine a été la publication des résultats du géant des puces d’intelligence artificielle (IA) au deuxième trimestre. Ses projections ont déçu certains investisseurs et plombé la performance du S&P 500i, qui a progressé de seulement 0,27% (en dollars). Avec un gain de 1,4% en euros, le Stoxx Europe 600ii a de son côté atteint un nouveau record, alors que sa valorisation est jugée relativement bon marché et que des baisses de taux de la BCE se profilent. Les marchés obligataires sont restés agités, les rendements à long terme augmentant dans le sillage des récents indicateurs et de l’ajustement des anticipations de baisse des taux aux Etats-Unis. La volatilité des devises est demeurée forte, l’indice dollar regagnant du terrain la semaine dernière, tandis que l’euro se dépréciait par rapport au franc suisse, à la livre sterling et au billet vert.
GÉOPOLITIQUE
Le Canada a annoncé des droits de douane de 100% sur les importations de véhicules électriques chinois et de 25% sur l’acier chinois, ce qui lui a valu les foudres de Pékin.
INDICATEURS CLÉS
L’indice Ifo du climat des affaires a baissé pour le quatrième mois consécutif en août (de 87,0 à 86,6), indiquant que l’économie allemande restait dans la difficulté. Dans le même temps, la hausse des prix à la consommation a chuté plus qu’anticipé, passant de 2,6% en juillet à 2% en rythme annuel. Pour l’ensemble de la zone euro, elle a reculé de 2,6% à 2,2%.
La croissance du PIB américain au deuxième trimestre a été révisée à la hausse, de 2,8% à 3% en rythme annuel. Les dépenses de consommation personnelle (PCE) aux Etats-Unis se sont établies à 2,5% en juillet, soit le même niveau qu’en juin. L’indice hors alimentation et énergie est également resté inchangé, à 2,6%.
Au Japon, l’indice des prix à la consommation hors alimentation eténergie de la région de Tokyo a augmenté de 2,6% en glissement annuel en juillet, une forte hausse par rapport aux 2,2% enregistrés en juin. Ailleurs en Asie, les premières estimations suggèrent que la croissance du PIB indien a atteint 6,7% en rythme annuel au deuxième trimestre, contre 7,8% au cours des trois mois précédents.
ANALYSE DES MARCHÉS
Cette semaine, les chiffres du chômage et des offres d’emplois aux Etats-Unis joueront un rôle essentiel pour confirmer que la première économie mondiale se dirige toujours vers un atterrissage en douceur et non une récession. Les récents indicateurs de croissance et d’inflation suggèrent un recul du risque de récession et les marchés américains, fermés lundi pour la Fête du travail, enregistrent une participation accrue et un élargissement des performances. Les investisseurs, quelque peu rassurés par le ton conciliant du président de la Fed Jerome Powell à Jackson Hole, restent néanmoins attentistes. Nous anticipons trois baisses de 25 pb des taux de la Fed cette année, la première intervenant ce mois-ci.
Les faibles résultats d’un distributeur américain et l’alerte lancée par un de ses concurrents, qui estime les consommateurs les plus pauvres à court d’argent, ont mis en évidence le ralentissement de l’économie. A moyen terme, le dollar devrait dès lors faiblir. Les mauvaises performances d’un groupe chinois de commerce en ligne ont montré que les consommateurs chinois faisaient également face à des difficultés.
Sur le front politique, la victoire du parti Alternative für Deutschland (AfD) lors d’un scrutin régional en Allemagne ajoute à l’instabilité mondiale. Enfin, l’arrêt des exportations de pétrole libyen en raison de rivalités opposant diverses factions politiques a contribué à soutenir le cours du pétrole.
