Krach éclair au Japon
César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements, Pictet Wealth Management.
REVUE HEBDOMADAIRE
La semaine a été mouvementée pour les actifs risqués: après le plongeon initial, les investisseurs ont retrouvé leurs esprits et la chasse aux bonnes affaires a permis au S&P 500 de clôturer sur une note stable. Plutôt rassurantes, l’activité des services et les demandes hebdomadaires d’allocations chômage ont apaisé les craintes de récession aux Etats-Unis. La Banque du Japon a ramené le calme en s’engageant à ne pas relever ses taux tantque les marchés seraient instables: après s’être effondré de plus de 12% lundi, le Topix a limité ses pertes à 2,1%i (en yens), grâce à un rebond notable du secteur bancaire. Les commentaires de la BoJ ont freiné la hausse duyen, tandis que le franc suisse – traditionnellement considéré comme une valeur défensive – a cédé une partie de ses gains face à l’euro et au dollar. Sur le front obligataire, l’adjudication décevante des obligations du Trésor à dix ans et le recul des anticipations d’assouplissement monétaire ont poussé les rendements souverains américains à la hausse. Les crédits investment grade ont également souffert aux Etats-Unis. En revanche, les obligations de qualité inférieure ont terminé en hausse et les spreads se sont resserrés.
CITATION DE L A SEMAINE
« Au vu de la forte volatilité des marchés domestiques et internationaux, il convient dans l’immédiat de maintenir les mesures d’assouplissement monétaire », a déclaré mercredi Shinichi Uchida, gouverneur adjoint de la Banque du Japon.
INDICATEURS CLÉS
En Chine, les prix à la consommation ont augmenté pour le sixième mois consécutif en juillet, portant leur hausse annuelle à 0,5%. En revanche, l’indice des prix à la production a chuté de 0,8% en rythme annuel, ce qui représente le 22e mois consécutif de contraction. Les exportations chinoises ont augmenté de 7,0% en juillet par rapport à l’année précédente (contre 8,6% en juin), alors que les importations ont progressé de 7,2% après une baisse de 2,3% en juin.
Aux Etats-Unis, l’indice ISM des services est passé de 48,8 en juin à 51,4 en juillet, ce qui reflète une expansion de l’activité. Le déficit commercial américain a diminué à USD 73,1 mia en juin, les exportations progressant de 1,5%, contre à peine 0,6% pour les importations.
La production industrielle allemande a augmenté de 1,4% en glissement mensuel (en glissement mensuel) en juin, ce qui correspond à un recul de 4,1% par rapport à juin 2023. Parallèlement, les commandes à l’industrie ont augmenté de 3,9% en juin (en glissement mensuel), un rebond important après la baisse de 1,4% observée en mai.
ANAL YSE DES MARCHÉS
Cette semaine, les chiffres de l’inflation et des ventes de détail aux Etats-Unis seront déterminants pour évaluer la solidité de l’économie après les récentes craintes concernant la croissance. Plus technique que systémique, la correction du marché a rappelé les chutes enregistrées en 2015 et 2018, deux périodes également marquées par les inquiétudes liées à la croissance. Mais nous n’anticipons pas de récession et estimons que la Fed réduira ses taux de 25 pb trois fois cette année, à partir de septembre.
Sur le plan budgétaire, le mauvais accueil réservé à l’émission des obligations du Trésor la semaine dernière fait peser un risque sur les adjudications des prochains mois si les déficits demeurent importants.
Du côté des actions, la dégradation des perspectives d’une société de location immobilière liée au recul de la demande renforce notre thème visant à cibler les producteurs plutôt que les consommateurs. Les projets de rachat d’actions d’un investisseur japonais dans le secteur de la technologie confortent également notre stratégie consistant à investir dans des entreprises qui procèdent à des rachats d’actions.
En résumé, la période actuelle d’incertitude et de volatilité devrait perdurer et il n’y a pas lieu de se précipiter pour accroître l’exposition du portefeuille. Nous restons neutres à l’égard des actions. La période de publication des résultats du deuxième trimestre a vu les ventes des entreprises augmenter de 5% aux Etats-Unis, contre 2% en Europe. Les Etats-Unis sont également arrivés en tête du classement des médailles aux Jeux olympiques – 126 médailles au total. Mais tous ensemble, les pays de l’UE en ont remporté 309.