Au début de l’année, Pascal Ghoson (photo), le tout nouveau CEO d’Oxurion, a annoncé que la recherche de cibles d’acquisition avait commencé afin de prendre un nouveau départ et de transformer l’entreprise d’une société de biotechnologie purement axée sur la recherche et le développement en un groupe de soins de santé plus large générant des revenus. Avec l’annonce récente de la signature d’une lettre d’intention pour entrer en négociations exclusives d’acquisition avec un acteur de l’ORC, Oxurion veut montrer qu’elle n’est pas restée inactive depuis janvier, même s’il reste encore du travail à faire pour que la première acquisition soit un succès. Nous nous sommes entretenus avec le CEO pour obtenir des éclaircissements supplémentaires.
Première acquisition en vue
La société de biotechnologie Oxurion, cotée à Bruxelles, a choisi un nouveau cap depuis l’entrée en fonction du nouveau CEO Pascal Ghoson fin 2023 : elle veut créer un écosystème de sociétés de CRO par le biais d’acquisitions et, par ailleurs, veut évoluer vers un groupe qui génère des revenus et héberge des activités rentables. Un premier pas vers cet objectif est en cours de préparation, Oxurion ayant entamé des négociations exclusives en vue de prendre une participation majoritaire de 80 % dans une CRO (Contract Research Organisation). Il s’agit d’une entreprise qui fournit des services de recherche sur une base contractuelle pour l’industrie pharmaceutique. Ce phénomène est en augmentation, car de plus en plus de services sont externalisés.
L’entreprise cible est le résultat d’une collaboration entre plusieurs institutions françaises, notamment l’INSERM et le CNRS. L’entreprise active dans la production de cellules souches prévoit un chiffre d’affaires d’environ 3 millions d’euros d’ici 2024. « Nous ne pouvons pas donner de nom pour des raisons de concurrence. Il en sera ainsi jusqu’à ce qu’un accord final soit signé et que la structure financière soit en place. Cela devrait être fait d’ici septembre/octobre. » M. Ghoson ajoute que les négociations sont exclusives. « Soit nous concluons l’affaire, soit nous ne le faisons pas, mais en attendant, aucun autre joueur ne peut mettre son nez dans la fenêtre. Dans les mois à venir, nous ferons preuve de diligence raisonnable et examinerons tout ce qui concerne les brevets, les contrats et les finances, entre autres. »
Pourquoi cet objectif ?
Au cours du premier semestre, Oxurion a réalisé de nombreuses études de marché et s’est principalement concentrée sur la tendance actuelle à l’externalisation et à la sous-traitance de toutes sortes de services dans le secteur pharmaceutique, tels que la recherche et la fabrication, et a recherché des entreprises qui génèrent des revenus et/ou qui sont déjà rentables. « Après tout, les grandes entreprises pharmaceutiques ne veulent s’engager que dans la commercialisation. Nous avons donc automatiquement commencé à étudier le marché de l’CRO. Outre quelques grands noms comme Thermo Fisher Scientific, il existe également de nombreux acteurs plus petits qui sont hautement spécialisés et opèrent dans un créneau comme celui de notre cible d’acquisition » Ce qui est important pour Pascal Ghoson, c’est que l’entreprise cible présente une barrière à l’entrée élevée, un historique (elle a été fondée en 2010) et des clients fidèles. « Elle dispose déjà d’un produit sur le marché depuis un peu moins de cinq ans et a enregistré une croissance annuelle des ventes de 33 % entre 2021 et 2023. D’ici 2028, le chiffre d’affaires devrait atteindre 8,1 millions d’euros et l’EBITDA 2,8 millions d’euros. Ce n’est pas rien. »
Il y a deux raisons pour lesquelles Oxurion publie déjà un communiqué de presse, même si la transaction n’a pas encore été finalisée et qu’aucun nom ne peut être mentionné. « D’une part, nous voulons montrer au marché que nous transformons le groupe et que nous progressons efficacement : nous faisons ce que nous avons promis au début de l’année. D’autre part, nous indiquons clairement l’activité sur laquelle nous voulons nous concentrer : nous restons clairement dans les limites des secteurs de la pharmacie et de la biotechnologie. »
Prochaines étapes
Pascal Ghoson ose déjà regarder plus loin. « Outre la poursuite du programme actuel de recherche préclinique sur l’atrophie géographique, autour duquel nous avons récemment identifié 50 cibles, l’objectif, une fois que la transaction annoncée aura eu lieu, est également d’acquérir d’autres acteurs spécialisés dans les CRO afin de constituer un portefeuille de sociétés plus petites à moyen terme, où les synergies et les économies de coûts entre les différentes sociétés peuvent être réalisées et où Oxurion devient une sorte de sous-traitant de l’industrie pharmaceutique plutôt qu’une simple société de biotechnologie. » Et pour lui, la création d’un écosystème est précisément la valeur ajoutée qu’Oxurion pourra offrir au candidat à l’acquisition. « En outre, nous disposons des compétences nécessaires pour aider l’entreprise à se développer, à mettre en place une équipe de vente plus solide et à générer des ventes supplémentaires. »
La création d’un écosystème ne sera pas une tâche facile, car la concurrence est rude dans le secteur des CRO. « Nous avons effectué de nombreuses projections et suivi de près de nombreux dossiers de qualité, mais ces acteurs spécialisés à forte marge attirent beaucoup d’argent de la part des fonds d’investissement. Là où nous pouvons faire la différence, c’est au niveau des petits acteurs, qui suscitent moins d’intérêt parce qu’ils ne sont pas dans le collimateur des acteurs du capital-investissement. Nous pouvons les aider à upscaler, tout comme notre cible actuelle. »
En effet, le travail de sélection se poursuit et Oxurion continue d’explorer les marchés français et belge à la recherche de candidats à l’acquisition. « Il n’y a pas beaucoup d’opportunités en ce moment, et certainement pas en Belgique où il n’y a pas vraiment de vendeurs pour le moment. » Et qu’en est-il de l’usine de médicaments de la défunte Mithra ? « Les organisations de développement et de fabrication sous contrat (CDMO) ou la fabrication de médicaments sont un segment très difficile et à forte intensité de capital dans lequel nous ne voulons pas nous aventurer. Cela ferait d’Oxurion un acteur de la biotechnologie et c’est exactement ce que nous voulons éviter. »
Financement et action
Bien que l’accord ne soit pas encore conclu, ils ont déjà réfléchi à la manière de le financer. Le communiqué de presse indique que cela se fera par le biais d’une combinaison de financement par emprunt (non dilutif) et de financement au niveau d’Oxurion (qui pourrait être un prêt d’actionnaire ou des fonds propres/quasi-fonds propres). « L’idée est de financer une partie de la dette et d’utiliser la rentabilité de l’entreprise pour rembourser cette dette. » Oxurion mettra également de l’argent sur la table. Et comment Oxurion va-t-il se financer pour rendre cela possible ? « Soit par le biais d’un prêt d’actionnaire, qui est notre option préférée parce qu’elle est moins dilutive, soit nous ferons appel au marché pour lever des fonds », explique Pascal Ghoson.
Qu’en est-il des actions et comment convaincre l’actionnaire de les garder ? « Une fois que nous pourrons mettre en œuvre le reverse split (divisé par 10 000, note de la rédaction), nous retrouverons une action qui représente quelque chose. Il s’agit d’une procédure initiale, bien que cosmétique et technique. Deuxièmement, au fil du temps, le besoin de capitaux diminuera de plus en plus. S’il est présent de toute façon, ce sera pour des acquisitions et non plus pour combler des pertes opérationnelles. » Il conclut enfin que les actionnaires doivent comprendre qu’il faut naturellement du temps pour créer un modèle d’entreprise entièrement nouveau.