Après un premier semestre surprenant sur les marchés financiers, Christopher Govaerts (Nagelmackers) estime que les actifs risqués doivent rester privilégiés pour la deuxième partie de l’année.
Le premier semestre de 2024 a été surprenant pour Christopher Govaerts (Stratégiste en chef chez Nagelmackers), avec des économies qui se sont nettement mieux comportées que prévu. « Le reflux de l’inflation n’a pas été aussi rapide que prévu aux Etats-Unis, avec une activité économique qui s’est maintenue sur un niveau élevé. En conséquence, les attentes très optimistes du marché concernant les baisses de taux aux Etats-Unis (six à sept prévues à la fin 2023) ne se sont pas vérifiées ».
Morosité obligataire
Par rapport aux perspectives de performance publiées il y a six mois, les marchés boursiers ont clairement constitué la bonne nouvelle. En dehors d’une baisse temporaire durant le mois d’avril, ils ont poursuivi sur leur lancée de la fin 2023, avec des saisons de résultats qui ont supporté la tendance en dépit d’attentes élevées, et un secteur technologique emmené par NVidia qui est resté au centre du mouvement haussier. « La macroéconomie a également constitué un soutien, avec un atterrissage de l’économie américaine qui continue de se faire attendre tandis que l’économie européenne a eu tendance à se renforcer ».
A la tête de la Réserve Fédérale, Jerome Powell a été contraint de repousser constamment la perspective d’une détente du taux directeur. « Aujourd’hui, nous parlons encore de 1 à 2 baisses de taux aux Etats-Unis pour l’ensemble de l’année 2024 », indique encore Christopher Govaerts. « Le maintien des taux sur des niveaux élevés a entraîné des performances nettement plus moroses pour les classes d’actifs obligataires, avec seulement la dette d’entreprise qui a été en mesure de sortir la tête de l’eau ».
Cette performance a été d’autant plus décevante que les marchés obligataires avaient réalisé un rally en décembre 2023 en raison de l’euphorie qui régnait quant à la perspective de baisse de détente monétaire. « En conséquence, le rendement réalisé au quatrième trimestre 2023 a été en grande partie annulé au cours du premier semestre 2024. Si le combat contre l’inflation a été gagné, le retour à l’objectif de 2% de la Fed n’est clairement pas encore pour tout de suite ».
Attentes boursières
Dans ce contexte, Christopher Govaerts souligne avoir relevé ses attentes pour la performance des marchés boursiers pour le reste de l’année. « Nous restons encore surpondérés sur les Etats-Unis, neutres sur le Japon et sous-pondérés sur l’Europe et les marchés émergents. Les actions américaines vont continuer de profiter d’un environnement économique favorable ». Il reste favorable aux perspectives du secteur technologique, et pense que le segment est actuellement dans une situation de bulle. « Si le Nasdaq grimpe encore fortement durant les prochains mois, le risque pourrait toutefois apparaître ».
Pour les marchés obligataires, il projette désormais une tendance plus stable pour le reste de 2024, avec une détente monétaire qui a déjà commencé en Europe et qui devrait se produire prochainement aux Etats-Unis. Christopher Govaerts pense que la prochaine baisse de taux de la BCE pourrait toutefois se faire attendre un peu, et dépendra fortement des données (notamment sur l’inflation salariale) qui seront publiées durant les prochains mois ».
« Ce contexte devrait être généralement plus favorable aux classes d’actifs obligataires, avec une préférence pour la dette d’entreprise de bonne qualité. Il estime par contre qu’il faut aujourd’hui se montrer prudent sur le haut rendement, avec des différentiels de taux qui ne rémunèrent plus suffisamment le risque pris ». Enfin, le maintien du taux directeur américain sur un niveau élevé devrait permettre au dollar de rester stable par rapport à l’euro, dans un corridor compris entre 1,04 et 1,1 dollar.
Incertitudes électorales
Les prochains mois et semaines vont également être marqués par les incertitudes électorales, en France et aux Etats-Unis. Pour les élections en France, Christopher Govaerts se veut rassurant. « ll faut relativiser les choses. Dans l’histoire récente, les élections italiennes de 2022 avaient également provoqué beaucoup de nervosité, qui s’est très rapidement évanouie lorsque Giorgia Meloni a effectivement dû exercer le pouvoir et que sa rhétorique politique a dû virer de bord face à la réalité ».
Aux Etats-Unis, la campagne électorale pourrait donner lieu à des poussées de volatilité sur les marchés financiers. « Il est intéressant de conserver des liquidités pour profiter des corrections éventuelles qui devraient intervenir durant l’été. Une fois les élections du 5 novembre passées, il est même possible d’anticiper un nouveau rally de fin d’année lorsque la situation sera devenue plus claire ».