La métallurgie, l’outil principal de la Transition Industrielle
Antoine Chacun, Managing director– ODDO BHF Metals.
« L’Europe devrait mener une politique exactement inverse pour contribuer à la décarbonisation des filières industrielles mondiales. Il faudrait réduire nos déficits métallurgiques et encourager les productions locales compétitives . »
« Dans les 30 prochaines années, nous extrairons autant [de métaux] que depuis le début de l’humanité ! » annonce Philippe Varin dans son rapport sur la Sécurisation de l’approvisionnement en matières premières minérales.
À plusieurs moments décisifs de notre histoire, la métallurgie a joué un rôle déterminant dans le développement des civilisations humaines, que l’on se réfère à l’âge du bronze (-3000/-1200 avant notre ère), ou à celui du fer (- 1200 / -550 avant notre ère). Cependant, le rôle de la métallurgie a été quelque peu négligé depuis que nous sommes entrés dans l’ère des énergies fossiles, marquée par le charbon au 19ème siècle, et surtout par le pétrole et le gaz aux 20ème et 21èmes siècles.
Dans les décennies à venir, nous serons confrontés à une transformation radicale de la base du système énergétique mondial, englobant le bâtiment, les transports, et bien d’autres domaines notamment dans l’industrie. Ce défi est considérable, car le mix énergétique primaire actuel du monde repose à 80 % sur les énergies fossiles, à savoir le pétrole, le gaz et le charbon.
Cette sortie des énergies fossiles ne peut être réalisée qu’avec une électrification massive. La part de l’électricité dans la consommation d’énergie primaire devra passer de 20 % à 53 % d’ici 2050 à l’échelle mondiale.
Le challenge est bien sûr ambitieux, mais moins que ces chiffres ne le laissent paraître, les 80 % d’énergie primaire fossile actuels sont basés sur la combustion avec une grande déperdition énergétique en chaleur. Un moteur électrique a par exemple un rendement trois fois supérieur au moteur à explosion.