Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
La semaine dernière a été consacrée à l’inflation avec la publication des prix à la consommation aux États-Unis à 3,4% sur un an en avril. C’est encourageant, mais encore insuffisant pour envisager une prochaine baisse des taux par la Réserve Fédérale américaine (Fed). Depuis des mois, le marché est focalisé sur la dynamique d’inflation.
Ce qui est frappant, c’est qu’il néglige complètement ce qui se passe sur les matières premières. Le prix du cacao a bondi de 98% depuis le début de l’année, le jus d’orange est quasiment devenu un produit de luxe, le blé renoue avec ses niveaux d’août 2023 et le cuivre a atteint la semaine passée un record historique. Il n’y a pas un facteur explicatif unique derrière ces hausses. Le rebond du blé est en partie lié au changement climatique.
Pour le cuivre, c’est un peu plus compliqué. On a tendance à croire que c’est uniquement la demande chinoise. C’est erroné. Depuis le début de l’année, se positionner à l’achat sur le cuivre est devenu un trade très consensuel sur le marché. Problème : les matières premières doivent faire l’objet d’une livraison physique. Cela implique d’avoir des stocks de cuivre ou d’être en mesure d’en produire. Or, les positions acheteuses sont bien trop importantes par rapport au cuivre disponible. Il faut donc en importer : cela accroît le coût du transport et très souvent la teneur en cuivre peut différer d’une région à l’autre. Résultat : pour obtenir du cuivre, il faut payer plus cher, d’où la progression fulgurante du prix lors des dernières semaines. Si la hausse des matières premières perdure, cela pourrait compliquer la tâche des banques centrales au second semestre. C’est, pour l’instant, complètement passé sous les radars. À tort.
Perspectives
L’inflation est encore au cœur de l’actualité des marchés cette semaine…mais du côté britannique. Une nouvelle baisse de celle-ci en avril serait un argument supplémentaire en faveur d’une baisse des taux dès le mois de juin – au même moment que la Banque Centrale Européenne et la Banque du Canada. C’est désormais consensuel. Le marché monétaire prévoit une baisse de taux de 13,9 points de base en juin, de 25,7 points de base en août et un total de 56,0 points de base en 2024.