Thomas Planell, DNCA Investments.
Le début d’année augurait d’une vague déflationniste. Mais le troisième CPI supérieur aux attentes remet en cause ce scénario. Au moment où la FED prépare l’atterrissage de sa cure d’amincissement bilantielle…
La croissance est forte en Inde, au Brésil, au Mexique et en Indonésie. En Europe et aux Etats-Unis, les déficits publics historiquement élevés soutiennent l’économie et tempèrent les efforts des banques centrales. Les budgets de défense sont en hausse. Les indicateurs de surprise économique de Citigroup s’alignent favorablement dans toutes les grandes régions.
Le protectionnisme et les changements affectant la chaine logistique mondiale créent des tensions inflationnistes qui n’ont pas tout à fait disparu à la veille de cette potentielle reprise cyclique. Et en dehors de la Chine, le marché de l’emploi est globalement tendu. Xi Jinping mise sur le dumping en exportant à bas coût pour compenser la demande domestique. C’est une force déflationniste réelle, mais sera-t-elle suffisante à tempérer la pression d’une reprise généralisée de la croissance dans le monde ? D’autant que les signes de réveil économique du pays commencent à émerger. Les ventes de voitures électriques se reprennent. Les actions chinoises reviennent à l’équilibre.
Dans ce scénario de reprise inflationniste, l’indice CRB des matières premières est en hausse de 13% depuis le début de l’année, tiré par les métaux industriels et l’or (+14,5%), dont la volatilité est devenue inférieure à celle des bons du trésor américain. Il enchaine record sur record (2400$ l’once), malgré des flux négatifs ! Le métal précieux, est perçu par une partie minoritaire des investisseurs comme une alternative aux obligations, ces dernières étant vulnérables au rebond de l’inflation et au dérapage des finances publiques. Et pourtant, malgré une performance annualisée à 10 ans des obligations du Trésor américain qui atteint un point bas de 65 ans, les flux continuent de se déverser sur le gisement souverain, pour la neuvième semaine consécutive.
Les investisseurs en actions s’interrogent. Discrètement, les fonds de grandes capitalisations américaines accusent de violents rachats (les pires depuis décembre 2022). De trois baisses de taux le marché n’anticipe désormais plus qu’un seul paquet au pied du sapin de la Fed. Et les probabilités de hausse induites par les futures sur Fed Funds remontent timidement (15%)… Les bénéfices d’entreprises devraient bénéficier de ce scénario de reprise économique inflationniste. Mais leur croissance sera-t-elle suffisante à protéger les performances de début d’année d’une déception monétaire et de taux, plus élevés, pour plus longtemps ?