Après avoir levé plus de 200 millions d’euros depuis 2020, Top Tier Access se prépare à lancer une troisième Pricaf spécialisée dans le private equity.
Top Tier Access est un gestionnaire belge créé en 2020 par Joel Sandhu et Sam Desimpel à la demande de plusieurs familles fortunées. Depuis sa création, deux Pricaf privées ont déjà été lancés (en 2020 et 2022), et ont permis de lever plus de 200 millions d’euros sur le marché belge. Pour chacun de ces produits , le but est typiquement d’investir l’argent récolté dans une dizaine de fonds internationaux spécialisés dans le private equity, difficiles d’accès pour un investisseur belge.
Accès privilégié
Parmi les partenaires privilégiés de Top Tier Access, nous pouvons notamment citer des gestionnaires comme CVC, EQT Partners, BC Partners ou encore H.I.G. Capital. « Lors de la création de Top Tier Access, beaucoup de clients voulaient être en mesure d’investir dans les meilleurs gestionnaires en participations privées », souligne Sam Desimpel. En outre, la structure de frais est raisonnable par rapport aux alternatives disponibles sur le marché (frais de gestion autour de 60 points de base) sans carried interest (pas de pourcentage prélevé par l’équipe de gestion sur les plus-values réalisées).
« Typiquement, ces fonds vont souvent demander un apport qui dépasse 5 millions de dollars, car ils ne sont pas structurés pour gérer des apports de 100.000 ou 250.000 euros », souligne Sam Desimpel (Top Tier Access). Une fois l’argent des investisseurs mutualisés et investis dans ces fonds renommés, l’équipe de gestion s’occupe du suivi des positions en portefeuille durant six à huit années, avec une liquidité qui sera donc faible entre l’investissement initial et la réalisation du portefeuille.
Quant à savoir comment un petit gestionnaire belge est parvenu au fil du temps à se faire une place au tour de table de certains des plus grands fonds de private equity du monde, Sam Desimpel souligne qu’il faut profiter des certaines opportunités qui peuvent ponctuellement se présenter chez certains gestionnaires qui souhaitent diversifier leurs sources de financement afin d’inclure davantage d’investisseurs privés.
Marché dynamique
« Les particuliers fortunés belges restent très friands de ces investissements. D’une part, les investisseurs, essentiellement flamands, sont déjà familiers avec le principe du private equity, notamment parce qu’ils connaissent tous au moins une personne qui a vendu son entreprise à un tel fonds. Nous espérons pouvoir faire changer avec le temps les mentalités du côté francophone », indique encore Sam Desimpel.
« D’autre part, les familles fortunées ont souvent été déçues par la gestion proposée par les grandes banques privées belges, et sont à la recherche d’opportunités d’investissement en dehors de ces acteurs bien établis ». Le succès du second fonds de Top Tier (qui a aujourd’hui terminé sa phase
d’investissements) est essentiellement venu du bouche à oreille, avec 60% des encours qui sont venus des investisseurs déjà présents dans le premier fonds. « Enfin, comme nous sommes un gestionnaire belge, nous avons davantage conscience de la manière de structurer fiscalement notre produit par rapport aux spécificités de la législation belge, un aspect qui est souvent plus difficile à obtenir d’un gestionnaire étranger ».
Troisième fonds
D’ici l’été 2024, un troisième fonds (Buyout III) devrait être proposée à la souscription pour les investisseurs fortunés, avec une base géographique étendue en dehors du marché belge. « Le but reste de permettre aux investisseurs d’investir dans une gamme de fonds private equity triés sur le volet ». Il souligne à ce titre qu’il faut généralement au moins un mois pour réaliser l’examen d’un nouveau dossier d’investissement, durant lequel le gestionnaire va être examiné sur toutes les coutures.
L’attention est bien entendu portée sur la qualité de l’équipe de gestion, son historique de performance et mais aussi la manière dont le gestionnaire se comporte lorsqu’il prend le contrôle d’une entreprise non cotée. « Nous ne sommes généralement pas intéressés par les gestionnaires qui vont acheter une entreprise, pour ensuite ne pratiquer qu’un réduction de coûts agressive à court terme afin de la revendre en espérant faire une plus-value importante. Nous préférons les fonds qui vont réellement apporter une expertise et une plus-value structurelle ». Enfin, la sélection des différents fonds prend également en compte le besoin d’avoir un bon équilibre géographique et sectoriel dans le portefeuille, afin de ne pas être exposé sur un risque idiosyncratique trop important.
ELTIF prématuré
Une autre grande question secouant actuellement le monde des placements privés est l’apparition sur le marché des fonds répondant à la directive européenne ELTIF 2.0, qui permet de donner accès à des placements privés à partir d’une mise de fonds plus modeste (25.000 euros). « Nous sommes aujourd’hui en train d’étudier la possibilité de lancer un produit répondant à cette nouvelle norme, mais il faut constater qu’elle tarde actuellement d’être traduite dans les différentes législations nationales, et notamment au niveau belge ».
Dans ces conditions, Sam Desimpel estime qu’il est encore largement prématuré de se lancer dans ce type de produit tant que les règles pour le marché belge n’ont pas encore été bien établies. « Ce type de produit est intéressant car il permet notamment d’avoir une plus grande souplesse dans l’allocation des fonds, et de diversifier une partie du portefeuille vers d’autres classes d’actif, contrairement à la Pricaf qui nécessite d’être investi à 100% dans du private equity ».
« A l’inverse, il faut que les règles du jeu nous permettent de pouvoir créer un ELTIF qui soit compatible avec les spécificités de notre gestion ». Il souligne à ce titre que Top Tier Access n’a pas l’intention de réaliser des investissements en ligne directe dans des sociétés privées. « Il s’agit d’un tout autre métier, qui nécessite une expertise totalement différente par rapport à celle que nous proposons. Investir dans un fonds Top Tier Access permet d’avoir une diversification dans 100 à 150 sociétés privées, sélectionnées au niveau global par les meilleurs gestionnaires en placements privés du marché ».