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Thomas Planell DNCA Investments.

Depuis fin octobre, le portefeuille diversifié retrouve des couleurs : +7,2% pour une allocation 60% Stoxx600 Europe, 40% obligations européennes investment grade (Bloomberg Pan-European Aggregate). Outre l’optimisme (l’indicateur de sentiment bull&bear de Bank of America affiche son rebond le plus fort depuis 2012 !) entourant les baisses des taux l’an prochain (71% de probabilités d’après les investisseurs sondés par la banque américaine), la liquidité semble moins entamée par les politiques monétaires qu’on aurait pu le croire.

Les réserves bancaires auprès de la FED culminent à leur plus haut niveau depuis 1 an. Les fonds monétaires en dollars enchainent les records de souscriptions, jalousés par les ETF sur actions américaines qui peuvent se consoler de leur meilleure collecte depuis 2022 (en novembre, le décompte MorningStar s’établit à 77 milliards de dollars). L’or, qui atteint des sommets, et les cryptomonnaies ultra spéculatives de type dog (Bonk) sont à la fête. Est-ce donc cela, le quantitative tightening ?

Et pendant ce temps, les actions européennes s’avancent vers une quarantième semaine de collecte négative. N’en déplaise au Stoxx600 Europe qui s’approche de ses points hauts historiques (494 points). L’an prochain les bénéfices attendus par le consensus s’établissent à +7%, un niveau optimiste, qui s’explique par des attentes de profitabilité opérationnelle en hausse de 40 points de base… (en ligne droite vers le niveau record des 15,4% de marge d’EBIT, 3 points de plus que la moyenne 2014-2016…) davantage que par le rebond des chiffres d’affaires escomptés (+2% en 2024).

Il est clair que dans un contexte de repli de la croissance nominale en 2024, cette hausse des résultats passera essentiellement par des réductions des coûts. La partie la plus facile (baisse de l’énergie et des matières premières) ne suffira pas. Pour livrer les marges promises aux actionnaires, il faudra tailler dans la masse salariale. La tendance est déjà amorcée : depuis le début du quatrième trimestre, 31 plans de restructuration ou réorganisation ont été annoncés, aboutissant à 60.000 fermetures de postes dans les entreprises de l’indice des 600 grandes capitalisations européennes.

Licencier pour accroitre ou maintenir les marges face au scénario de ralentissement de la demande domestique et mondiale : voilà donc le scénario optimiste sur lequel tablent les investisseurs européens pour espérer une croissance bénéficiaire à moins de deux chiffres ! Difficile de ne pas y voir les prémices d’un cercle vicieux qui pourrait nous surprendre au coin du virage de l’attérissage en douceur tant attendu par les marchés pour 2024… et la fragilité d’un tel cas d’investissement…

PFI

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