Parlons dette
Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Advisor Pictet Asset Management.
C’est la petite musique qui monte. Et si après la dette des États, il fallait aussi se préoccuper de la dette des entreprises. Ce n’est en rien un nouveau thème. Au XIVème siècle, les enquêtes administratives montrent pour la première fois que les princes s’inquiètent de la dette de leurs sujets. En 2023, c’est toujours d’actualité. Dans l’ensemble, les entreprises ont bien géré leur trésorerie en empruntant lorsque les taux étaient bas pendant la période 2019-2021. Certaines ont même utilisé le cash non utilisé pour le placer à court terme afin de profiter de la remontée des taux. Néanmoins, les entreprises sont toujours fortement endettées. En 2023, elles ont eu peu de besoins de refinancement. Ce sera à partir de 2024 et surtout de 2025 qu’elles vont devoir rouler leur dette, dans des conditions moins favorables qu’initialement. Cela ne manquera pas de peser négativement sur les perspectives d’investissements et d’embauches. Le vrai test pour les entreprises, c’est donc l’an prochain.
Perspectives
Les tensions géopolitiques sont l’excuse parfaite pour ne pas augmenter les taux. La Banque du Canada et la Banque Centrale Européenne se réunissent respectivement mardi et jeudi. Dans les deux cas, le statu quo de politique monétaire est attendu. Dans les deux cas, le processus de désinflation est bien amorcé, même s’il peut y avoir un peu de volatilité dans les prochains chiffres de l’inflation en raison du rebond du prix du baril de pétrole. Au Canada, l’enjeu est d’éviter un effondrement des prix de l’immobilier. Ces derniers ont augmenté de 428% depuis l’an 2000 selon les données de Bloomberg. En zone euro, l’enjeu est d’éviter que les coûts d’emprunt ne montent trop rapidement pour les États. L’Italie, qui a annoncé un déficit révisé à la hausse à 5,3% cette année, a été mise sous pression par les marchés au début du mois. La bonne nouvelle, c’est que ces tensions ne se sont pas propagées à d’autres pays de la zone euro, pour l’instant.