César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements Pictet Wealth Management.
Un marché de l’emploi plus robuste qu’anticipé en septembre a poussé les rendements obligataires vers des sommets de 16 ans la semaine dernière, rendant possible une hausse des taux de la Réserve fédérale en novembre. L’économie a créé 336 000 emplois non agricoles le mois dernier, contre les
170 000 estimés. Dans le même temps, le taux de chômage est resté stable à 3,8% et le salaire horaire a augmenté de 0,2%, ce qui témoigne d’un solide marché de l’emploi plutôt que d’une surchauffe. Ces indicateurs ont fait ressurgir la crainte de taux durablement plus élevés, ce qui a soutenu le dollar et propulsé le rendement de 10 ans à presque 4,89%, avant un reflux vers 4,8% vendredi dernier. Cette semaine, les prix à la production et à la consommation aux Etats-Unis, attendus respectivement mercredi et jeudi, seront très surveillés. L’incertitude entourant l’élection d’un nouveau président à la Chambre des représentants et le vote de nouvelles dépenses pèsent sur le budget fédéral, à un moment où l’émission de dette est élevée et où la dette publique américaine dépasse les 33 000 milliards de dollars. Sur les marchés, le S&P500 a clôturé la semaine en hausse de 0,5%1 (en dollars) et le Nasdaq a gagné 1,6%2, mais l’indice Russell 2000 des petites capitalisations américaines a chuté de 2,2%3 (en dollars). Nous sous-pondérons les petites capitalisations, plus sensibles aux taux que les grandes capitalisations en raison d’une dette à taux variable plus importante.
Au Moyen-Orient, le Hamas a lancé un assaut sur plusieurs fronts contre Israël au cours du week-end, ravivant les tensions dans la région. Le prix du pétrole reflétera les perturbations économiques potentielles. L’offre étant limitée, toute augmentation de la production serait la bienvenue. Les événements en Israël ont provoqué un mouvement vers les valeurs sûres et suscité un renforcement du dollar. Il convient désormais de surveiller si le conflit s’étend à d’autres parties de la région. Israël et le groupe armé libanais Hezbollah, soutenu par l’Iran, ont échangé des tirs d’artillerie dimanche dernier. L’éventualité d’un conflit plus large souligne la nécessité de conserver l’or comme couverture au sein des portefeuilles.
Alors que cette semaine marque le coup d’envoi des résultats du troisième trimestre aux Etats-Unis, plusieurs grandes banques ouvriront le bal. Dans un contexte de montée des risques de marché, les banques américaines pourraient afficher des résultats en demi-teinte. Cette saison des résultats permettra d’évaluer la capacité des entreprises à continuer de croître malgré des conditions macroéconomiques difficiles. Une confirmation de cette capacité renforcerait les marchés boursiers. L’actualité récente des entreprises a mis en évidence l’importance des liquidités: les exemples d’un fabricant français, dont l’action a plongé la semaine dernière après un avertissement concernant sa trésorerie, et d’une banque britannique, contrainte de conclure un accord de financement durant le week-end dernier, ont montré que des accidents ne pouvaient être exclus. Alors que les rendements progressent et que les actions sont sous pression, une diversification associant obligations et actions s’impose.