César Pérez Ruiz, Chief Investment Officer et responsable des investissements Pictet Wealth Management.
Le perdant a gagné
Les élections très disputées de ce dimanche ont plongé le système politique espagnol dans le doute: le Parti populaire conservateur (opposition) a remporté la plupart des sièges au Parlement, mais sans obtenir de victoire nette. Ce résultat ouvre une période d’incertitude, même si des négociations concernant d’éventuelles alliances pourraient permettre au gouvernement de gauche actuel de rester en place. Au niveau des indicateurs, la principale surprise de la semaine dernière est venue du Royaume-Uni, où l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de «seulement» 7,9% en rythme annuel en juin, contre 8,7% en mai. En conséquence, les rendements des Gilts à deux ans sont passés sous la barre des 5% et le FTSE100 a progressé de 3,1%1 (en livres). Le sentiment s’est amélioré sur les marchés boursiers. Parallèlement, les courbes de taux des émetteurs souverains s’ajustent à mesure que le marché anticipe une politique monétaire moins agressive. Nous continuons à privilégier les obligations investment grade.
Le consommateur américain se porte bien, le secteur manufacturier se contracte mais le marché du travail est tendu, ce qui incite à considérer qu’une hausse des taux de la Fed est l’hypothèse la plus probable cette semaine. Les ventes de détail ont augmenté de 0,2% en juin, un niveau inférieur aux attentes (+0,5%), mais les ventes hors alimentation et énergie ont progressé de 0,6% tandis que le chiffre de mai était révisé à la hausse. En outre, la demande liée aux soldes en ligne a fortement augmenté ce mois-ci. Mais les Etats-Unis subissent une récession du secteur manufacturier, la production industrielle ayant chuté de 0,5% en juin en glissement mensuel. Les demandes d’allocations chômage ont diminué de 9000 pour s’établir à 228 000 (données corrigées des variations saisonnières) durant la semaine se terminant le 15 juillet. Les indices des directeurs d’achat américains publiés cette semaine seront donc importants pour évaluer la santé de l’économie. Il faudra également suivre de près les réunions des banques centrales. La Fed et la Banque centrale européenne devraient relever leurs taux de 25 pb, mais la Banque du Japon ne devrait pas modifier sa politique. La semaine sera également chargée sur le front des entreprises, alors que les sociétés du S&P500 publient leurs résultats du deuxième trimestre. L’atonie de la demande de smartphones et l’impact d’une concurrence acharnée ont déjà fait sentir leurs effets en Asie.
En Chine, le produit intérieur brut (PIB) du deuxième trimestre a déçu avec une croissance de 6,3% en glissement annuel. Pour l’ensemble du trimestre, l’économie a progressé de seulement 0,8%, contre 2,2% au cours des trois mois précédents. Nous avons donc abaissé à 5,2% (5,5% précédemment) nos anticipations de croissance annuelle du PIB chinois pour 2023. L’envoyé spécial américain pour le climat, John Kerry, a effectué une visite de quatre jours en Chine – une étape importante dans la restauration de la confiance mutuelle, même si aucun accord n’a été signé. Au sein du marché des matières premières, le pétrole a gagné du terrain grâce à la réduction de la production saoudienne. Les prix du blé ont bondi après que la Russie s’est retirée d’un accord soutenu par les Nations unies visant à sécuriser les exportations de céréales de la mer Noire, frappant dans la foulée les ports ukrainiens en réponse aux attaques qui ont mis son pont routier vers la Crimée hors service.