Le taux d’intérêt nominal affiché par une obligation ou un placement n’est pas toujours le taux que percevra effectivement l’investisseur. En effet, un certain nombre de facteurs viendront impacter ce rendement affiché. Fiscalité, inflation, prix d’émission de l’emprunt sont autant d’éléments qui peuvent éroder le rendement attendu d’un placement.
Prix d’émission
Pour illustrer ce propos, prenons l’exemple d’une émission obligataire avec les spécifications suivantes :
- Durée : 7 ans
- Taux d’intérêt fixe annuel : 4,75%. Il s’agit du taux d’intérêt brut.
- Prix d’émission 101,875%
- Rendement net : 4,43%.
Le taux brut est donc le taux affiché par l’obligation. Le coupon brut sera donc de 4,75% par an.
Cependant, l’obligation n’a pas été émise au pair. C’est à dire qu’elle n’a pas été émise à 100% mais à 101,875%. Cela signifie que les investisseurs qui ont souscrit à cette émission lors de son lancement ont dû s’acquitter d’un prix de 101,875 au lieu de 100. Comme ils ont dû payer plus cher, le rendement de l’obligation s’en trouve réduit. Dès lors, l’investisseur ne percevra plus qu’un rendement net de 4,43%. Il s’agit alors du rendement net (hors précompte mobilier) de l’obligation soit le taux brut actualisé (ajusté au prix d’émission).
A noter cependant que l’obligation sera toujours remboursée au pair c’est-à-dire à 100. Dès lors, pourquoi ne pas émettre directement au pair à un taux de 4,43% ? Le taux d’intérêt est fixé lorsque l’émetteur sollicite la banque pour son émission. Or, entre le moment où l’opération est montée et le moment où la souscription est lancée, les conditions de marché peuvent changer. Le prix d’émission est alors ajusté pour délivrer le rendement net en fonction des nouvelles conditions du marché au moment de l’émission. Parfois, l’émission peut se faire en-dessous du pair. Le rendement net de l’obligation sera alors supérieur à celui affiché.
Fiscalité et inflation
Le rendement net n’est cependant pas encore le rendement réel que percevra l’investisseur car il doit encore tenir compte du précompte mobilier de 30% (en Belgique) qui se calcule sur le taux affiché de l’obligation soit 4,75%. Le précompte ici sera de l’ordre de 1,425%. Ce qui donne un rendement net tenant compte du précompte de 3%.
En marge de la fiscalité, il faut aussi tenir compte du taux d’inflation. Celui-ci fluctue dans le temps. Si, pendant longtemps, nous avons connu des taux d’inflation de l’ordre de 2 à 3%, la guerre en Ukraine et les problèmes d’approvisionnement l’ont fait bondir à plus de 9% en 2022, par exemple. Le rendement doit alors s’évaluer en fonction du taux d’inflation au moment de la perception du coupon. Sur base d’une inflation de 9% et après paiement du précompte mobilier, le rendement réel de l’obligation s’établira à 3% (taux net après précompte) dont on déduit 9% d’inflation. Cela donne un rendement négatif de 6%. C’est le taux réel du placement.
A noter encore que les coupons futurs et le remboursement du capital seront eux aussi impactés par le taux d’inflation à venir.
On comprend mieux alors pourquoi on dit que l’inflation est un ennemi tapi dans l’ombre pour les investisseurs. Et qu’elle érode le rendement des placements !