Entretien avec Sam Desimpel, Managing Partner chez Top Tier Access.
Sam, chez Top Tier Access, vous êtes spécialisé dans l’investissement en private equity. Avec l’évolution actuelle du marché, les États-Unis restent-ils le meilleur choix ?
Sam Desimpel : C’est une excellente question. Historiquement, les États-Unis ont toujours été la référence en matière de private equity, surpassant systématiquement l’Europe. Mais ces dernières années, l’écart s’est réduit plus qu’on ne le pense.
L’Europe devient-elle alors plus compétitive ?
Sam Desimpel : Dans certains cas, oui. Les meilleurs fonds américains restent leaders, mais ils ont énormément grandi et leur rendement ne suit pas toujours la même progression.
Au niveau médian, la différence de performance entre le private equity américain et européen est bien moins marquée qu’on ne l’imagine. Beaucoup d’investisseurs se basent sur la croissance du PIB ou la performance des marchés boursiers, où les États-Unis brillent. Mais si l’on exclut l’influence des Big Tech et des déficits publics, l’écart avec l’Europe devient bien moins spectaculaire.
Un family office américain nous disait récemment :
« Si vous regardez la performance des entreprises industrielles de taille intermédiaire, les États-Unis auraient dû être en récession depuis trois ans. »
C’est surprenant. Qu’est-ce qui explique cette incertitude ?
Sam Desimpel : L’élément clé, c’est l’imprévisibilité. Les investisseurs—surtout dans le private equity—recherchent la stabilité et la visibilité à long terme. Aujourd’hui, des changements rapides sur les tarifs douaniers, les dépenses publiques et la politique migratoire rendent la planification plus difficile.
L’an dernier, de nombreux gestionnaires de fonds étaient optimistes et cherchaient à conclure des transactions avant de nouvelles hausses des taux d’intérêt. Mais aujourd’hui, même les plus optimistes deviennent prudents.
Selon vous, Warren Buffett considèrerait-il encore les États-Unis comme le marché d’investissement de référence ?
Sam Desimpel : C’est une question intéressante. Buffett a toujours mis en avant l’importance de l’État de droit, de la solidité des institutions et de la responsabilité publique. Il considérait les États-Unis comme numéro un, suivis du Canada, du Royaume-Uni et d’autres pays du Commonwealth.
Mais aujourd’hui, certaines évolutions sont préoccupantes :
- Des assouplissements réglementaires excessifs
- Des conflits d’intérêts au sein des agences gouvernementales
- Une concentration accrue des pouvoirs exécutifs
Les États-Unis restent une grande puissance économique, mais ces tendances nous rappellent à quel point des institutions solides sont essentielles.
Malgré ces incertitudes, croyez-vous toujours au private equity américain ?
Sam Desimpel : Absolument. Les États-Unis restent un marché très favorable aux entreprises, avec une infrastructure financière inégalée et une capacité d’innovation exceptionnelle. Contrairement à beaucoup d’autres économies, ils n’ont pas besoin du reste du monde pour prospérer.
Nous avons déjà connu des périodes de pessimisme comme celle-ci. Il y a quelques mois, l’Allemagne était considérée comme l’un des marchés les moins attractifs. Mais avec l’augmentation des budgets de défense et d’infrastructure, la perception a radicalement changé. Il en sera peut-être de même pour les États-Unis.
Comment Top Tier Access s’adapte-t-il à cette situation ?
Sam Desimpel : Notre stratégie ne change pas : nous nous concentrons sur les fondamentaux à long terme, plutôt que sur les fluctuations à court terme. Nous sélectionnons et investissons dans les meilleurs fonds de private equity américains. Nous renforçons nos partenariats avec des gestionnaires de premier plan. Nous maintenons une vision diversifiée pour traverser les cycles économiques.
Comme le disait Thomas Jefferson :
« Un gouvernement stable est la plus précieuse des bénédictions humaines, et sans lui, ni la vie, ni la liberté, ni la propriété d’un homme ne sont en sécurité. »
Notre objectif est d’investir avec une vision claire et une approche basée sur l’analyse, et non sur les émotions du moment. Si des investisseurs souhaitent en discuter, nous sommes toujours ouverts au dialogue.
Merci, Sam.
