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Craintes de stagflation

César Pérez Ruiz, Chief Investments Officer Pictet Wealth Management.

Les marchés boursiers ont chuté et la volatilité a bondi en raison de l’incertitude liée aux droits de douane et aux coupes budgétaires du président Trump. La détérioration de l’économie américaine a ajouté à l’inquiétude, les craintes de stagflation étant alimentées par les pressions sur les prix de base, même si l’inflation globale s’atténue tandis que la croissance ralentit. La paralysie de l’administration a été évitée, mais les tensions commerciales se sont intensifiées avec la hausse des droits de douane sur l’aluminium (25%) et leur extension à davantage de produits. Le Canada et l’UE ont riposté en imposant à leur tour des droits de douane ciblant les produits américains. 

Ce contexte a assombri les perspectives de consommation aux Etats-Unis: deux géants du transport aérien ont abaissé leurs projections et de nombreux distributeurs ont exprimé leurs inquiétudes. L’indice S&P 500 a abandonné 2,2% sur la semaine, les hedge funds se hâtant de dénouer leurs paris sur «l’exceptionnalisme américain», ce qui a entraîné la plus importante sortie de fonds en deux jours depuis quatre ans. Les doutes concernant l’ampleur des économies dans les dépenses publiques ont propulsé le cours de l’or au-delà de 3000 dollars, tandis que l’indice de volatilité VIX augmentait de plus de 95% en trois mois. En Europe, les partis politiques allemands se sont entendus sur un plan de relance budgétaire.

Le rendement des Bunds a atteint 2,89% après cette annonce, tandis que le Stoxx 600 surperformait le marché américain en perdant seulement 1,1%. Sur les marchés du crédit, les spreads du haut rendement européen sont devenus inférieurs à leurs homologues américains pour la première fois en deux ans.

GÉOPOLITIQUE

L’Ukraine a accepté la proposition américaine d’un cessez-le-feu de 30 jours. Le président russe, Vladimir Poutine, s’est déclaré favorable à cette idée, tout en soulignant qu’elle nécessitait «un travail approfondi».

INDICATEURS CLÉS

L’inflation annuelle aux Etats-Unis a baissé plus qu’attendu à 2,8% en février (3% en janvier), mais les prix de base ont augmenté pour le deuxième mois consécutif. En mars, l’indice de l’université du Michigan sur la confiance des consommateurs s’est établi à 57,9, soit un recul de 10,5% par rapport à février, alors que les craintes inflationnistes s’intensifiaient.

L’économie britannique s’est contractée de 0,1% en glissement mensuel en janvier, les secteurs de l’industrie et de la construction étant les plus sévèrement touchés.

En Chine, l’indice des prix à la consommation est entré en territoire négatif en février pour la première fois en 13 mois, tandis que la banque centrale compte prendre diverses mesures pour soutenir l’innovation, la consommation et les exportations.

ANALYSE DES MARCHÉS

Les ventes de détail et les mises en chantier publiées cette semaine donneront un aperçu de l’ampleur du ralentissement aux Etats-Unis. Jusqu’à présent, les données molles se sont avérées plus faibles que les indicateurs concrets. La Réserve fédérale devrait privilégier le statu quo, tout comme la Banque d’Angleterre. En Suisse, la BNS devrait abaisser ses taux de 25 pb. Elle pourrait cependant hésiter à agir compte tenu de l’appréciation du franc et des plans de dépenses budgétaires annoncés par l’Allemagne et l’UE.

Les perspectives à long terme de l’Europe se sont améliorées après l’inflexion historique de la politique budgétaire, son attractivité étant renforcée par l’incertitude croissante qui pèse sur l’économie et la politique américaines. Nous continuons à surpondérer les marchés boursiers de la zone euro et relevons notre objectif de fin d’année pour le MSCI EMU à 195. Les objectifs de fin d’année sont également relevés pour le rendement du Bund à 10 ans (3%) et la parité EUR/USD (1,12). Aux Etats-Unis, l’agressivité de la politique commerciale, la baisse des dépenses publiques et le resserrement des conditions financières nous incitent à abaisser de 1,5% à 1,0% notre estimation de croissance du PIB pour le premier semestre. Nous abaissons à 5900 points notre objectif pour le S&P en fin d’année.

[i] Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Past performance, STOXX Europe 600 (net 12-month return in EUR): 2020, -1.5%; 2021, 25.5%; 2022, -10.1%; 2023, 16.5%; 2024, 9.5%.

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