Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
Le protectionnisme de l’administration Trump ne fait pas peur, pour le moment. C’est certainement lié au fait que les mesures annoncées sont surtout symboliques et touchent une part marginale du PIB américain (moins de 5%). Conséquence de cela : le rattrapage des marchés européens continue. Même le marché boursier américain ne se porte pas trop mal. Les fonds spéculatifs sont toujours à la vente sur les actions américaines. Mais, à chaque excès baissier, on constate que les particuliers se ruent pour acheter des actions américaines décotées. La bonne performance de la Chine est certainement la surprise de ce début d’année. Le Hang Seng Tech a bondi de 25% depuis son plancher de janvier 2025. Les flux via Stock Connect* explosent : +67% de transactions quotidiennes en février par rapport à janvier, ce qui confirme un vrai intérêt des investisseurs pour les actions chinoises. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, apparemment.
Il y a toutefois une exception notable : le marché boursier indien. Depuis septembre dernier, les institutions financières internationales sont positionnées à la vente sur les actions indiennes. C’est toujours le cas en ce début d’année. En cause : un contexte fiscal défavorable auquel il faut ajouter désormais l’impact de l’effondrement de la roupie indienne. Prenons un investisseur étranger qui obtient une performance de 12% sur les actions indiennes. Si la roupie s’effondre de 3-4%, le taux de rendement réel en dollar chute à 8%. Ajoutons à cela un impôt sur les plus-values financières compris entre 12,5% et 20%, alors le taux de rendement effectif n’est plus que de 6-7%. En plaçant son argent dans les obligations du Trésor américain, qui sont virtuellement sans risque, le taux de rendement espéré est de 5%. Sans surprise, un investisseur choisit plutôt les obligations du Trésor américain, d’où la forte décollecte qu’on observe sur les actions indiennes depuis plusieurs mois. Seule une stabilisation de la devise, qui enchaîne les points bas historiques face au dollar américain, et une baisse de l’impôt sur les plus-values financières s’appliquant aux investisseurs étrangers feront que ces derniers reviendront durablement sur les actions indiennes.
Le risque a-t-il toutefois complètement disparu des marchés financiers ? Non, il y a un compartiment de marché où il est présent. C’est le marché des changes. La volatilité intraday sur les principales paires est en forte hausse. Depuis le début d’année, l’USD/GBP a connu des fluctuations journalières de plus de 1% sur plus de la moitié des sessions de trading contre moins de 20% des sessions en 2024. C’est un avertissement clair envoyé à tous les investisseurs qui auraient tendance à croire que l’année boursière 2025 sera un long fleuve tranquille, en particulier pour les actions.
Perspectives
Le compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve Fédérale américaine est attendu ce mercredi. Il devrait confirmer que la banque centrale revoit nettement à la baisse ses perspectives de baisse des taux. Nous tablons désormais sur un taux terminal à 4,25% (soit une baisse de taux supplémentaire).
Le saviez-vous ?
Avez-vous déjà entendu parler de la taxe soleil ? En 1845, dans sa Pétition des fabricants de chandelles, l’économiste Frédéric Bastiat proposa cette taxe pour lutter contre la concurrence déloyale du soleil. Ce texte était évidemment une satire. Qui aurait pensé que son idée de taxe devienne une réalité aujourd’hui ? C’est pourtant bien le cas. Les heureux propriétaires de panneaux photovoltaïques ont reçu en ce début d’année leur première facture au titre de la « taxe soleil ».