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Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.

À peine une semaine qu’il est en poste et, comme promis, Donald Trump a renversé la table. Voici les principales annonces économiques des derniers jours :

  • La guerre commerciale s’intensifie : Donald Trump souhaite créer un « External Revenue Service » pour collecter des milliards de dollars en taxes sur les importations. Cela permettra d’augmenter les recettes budgétaires et d’alléger un peu le fardeau de la dette. Le Mexique, le Canada et la Chine sont les premiers pays visés.
  • Suprématie dans l’IA : c’est le chiffre de la semaine : 500 milliards de dollars vont être alloués pour l’infrastructure IA du secteur privé. L’Europe est dépassée dans ce domaine.
  • La course à l’uranium aura bien lieu : dans un décret signé le jour de son investiture, il a inclus l’uranium parmi la liste des métaux critiques. Cela renforce notre vision que l’achat souhaité du Groenland a pour objectif d’avoir accès à des réserves abondantes d’uranium pour l’industrie IA américaine. Le seul site de Kvanefjeld, au sud du territoire, contient dans son sous-sol les sixièmes réserves mondiales d’uranium.
  • « Drill baby drill » : l’hégémonie économique est irréaliste sans indépendance énergétique. C’est ce que la nouvelle administration a bien compris. Trump a annoncé l’ouverture de nouveaux forages en Alaska et offshore. Il promet aussi de remplir les réserves stratégiques de pétrole « jusqu’en haut » et de mettre fin aux subventions pour l’éolien. Est-ce que cela sonne le glas des énergies renouvelables ? Pas du tout. C’est surtout le secteur privé, en particulier les sociétés technologiques comme Amazon, qui sont à la manœuvre. Par conviction écologique ? Pas du tout. À cause du signal prix. La production et le stockage d’énergies renouvelables sont moins chers que pour les énergies fossiles.
  • Pas de déportation en masse des migrants illégaux : l’administration Trump acte la fin du « birthright citizenship » (obtention de la nationalité par les enfants de sans-papiers) et rétablit la politique « Remain in Mexico » pour les demandeurs d’asile. On est loin du choc inflationniste prédit par certains. Il ne s’attaque pas aux migrants illégaux déjà présents sur le sol des États-Unis et qui constituent une main d’œuvre essentielle pour le secteur des services. Encore une fois, il faut faire la distinction entre les paroles et les actes.

Perspectives

La réunion de la BCE sera sans surprise : baisse du taux directeur de 25 points de base. C’est plus incertain pour la Fed. La logique voudrait qu’elle abaisse le loyer de l’argent. Mais elle pourrait aussi estimer qu’il est opportun d’attendre un peu avant de le faire afin d’en savoir plus sur la politique de taxes douanières américaines et ses implications, et donc opter pour une pause. Ça se joue à 50/50.

La date à retenir : le 1er février, l’administration américaine pourrait imposer un tarif douanier de 25% sur les marchandises canadiennes, en particulier l’aluminium. Ce dernier représente 50% des importations totales d’aluminium des États-Unis. Comme toujours, l’approche radicale de Trump a pour objectif d’obtenir des concessions importantes de la part de ses partenaires.

Le saviez-vous ?

Conséquence directe de la victoire de Trump : les investisseurs n’ont jamais été aussi bullish (haussier) sur le dollar américain depuis 2019 (données du rapport CFTC du 14 janvier 2025).

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