Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
La bourse avait besoin de reprendre son souffle. Le contexte était propice. Les investisseurs s’interrogent depuis un moment sur les valorisations du secteur technologique. Le niveau de détention des actions américaines est élevé. Sur les trois derniers mois, les investisseurs étrangers ont acheté pour un total de 76,5 milliards de dollars d’actions américaines – un record. Il n’y avait virtuellement plus d’acheteurs sur le marché. Enfin, sans surprise, la forte concentration amplifie les mouvements de panique. Sur la plateforme Interactive Broker, populaire auprès des particuliers et des institutionnels aux États-Unis, Nvidia représentait 50% des volumes échangés en 2024. Une baisse était inévitable. DeepSeek fut la bonne excuse.
Depuis, la bourse américaine s’est reprise. Mais la volatilité devrait rester de mise, qu’elle soit liée à des phénomènes externes, comme la guerre commerciale, ou à des facteurs plus techniques. L’ajustement en mars de la pondération de l’indice Russell 1000 Growth – le deuxième indice le plus suivi par les gestionnaires de portefeuille après le S&P 500 – pourrait provoquer quelques remous sur les valeurs technologiques américaines. Il est prévu que le poids combiné des actions ayant chacune une pondération supérieure à 4,5% soit limité à 45%. Cela pourrait conduire les fonds indiciels et les gestionnaires d’actifs à vendre les actions des Sept Magnifiques pour limiter leur poids dans les portefeuilles. L’année boursière devrait être plus mouvementée que l’an passée.
Perspectives
Les chiffres de l’emploi américain pour le mois de janvier seront le principal point d’attention cette semaine. Le marché du travail montre quelques signes de faiblesses. Heureusement, rien d’inquiétant à ce stade.
La durée moyenne du chômage a atteint vingt-quatre semaines en décembre – soit le niveau le plus élevé depuis près de trois ans. Au cours des deux dernières années, la durée moyenne du chômage a augmenté de cinq semaines. Par ailleurs, le temps nécessaire aux Américains pour trouver un nouvel emploi est désormais plus long qu’à toute autre période avant la crise financière de 2008. Ces données coïncident avec la chute des nouvelles offres d’emploi sur Indeed au cours des trois dernières années, à un niveau proche de leur plus bas niveau depuis la pandémie de 2020. Les entreprises américaines sont plus prudentes. Logiquement, elles réduisent les embauches. Il est certain que la Réserve Fédérale – qui a fait une pause de politique monétaire la semaine dernière – regardera avec attention les données du mois de janvier.
Le saviez-vous ?
La semaine passée, le rouble russe a atteint un point haut depuis début novembre 2024 face au dollar américain. Est-ce le signe d’une amélioration de la conjoncture en Russie? Pas vraiment. Le rouble est une devise partiellement administrée par la banque centrale russe. À la marge, la devise russe a certainement bénéficié également d’une baisse généralisée du dollar depuis quelques séances.