Les élections présidentielles américaines s’annoncent captivantes. Si le résultat sera déterminant à bien des égards, la transition écologique est désormais trop avancée et trop mondiale pour être affectée par l’issue de ces élections, puisqu’elle est aujourd’hui davantage guidée par les dynamiques du marché que par des politiques. Toutefois, le prochain président américain influencera cette trajectoire, par exemple en orientant les investissements en infrastructures ou en stimulant le commerce international.
5 novembre 2024
Trump ne fera pas dérailler pas la transition énergétique
Nous sommes en pleine transition verte impulsée par le marché. Des secteurs clés comme l’éolien terrestre, le solaire et le stockage par batteries sont devenus compétitifs et devraient poursuivre leur croissance. Bien que M. Trump ait soutenu une augmentation de la production d’énergie fossile, l’éolien et le solaire bénéficient d’un soutien bipartisan. En effet, une grande partie des investissements de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA), le plus grand investissement climatique de l’histoire des États-Unis, va aux États républicains pour favoriser leur développement et croissance économique. L’IRA assure ainsi une stabilité et une croissance durables pour les secteurs verts et connexes. Selon les données du ministère de l’Énergie, plus de 150 000 emplois dans les énergies propres ont été créés ou relocalisés entre 2022 et 2023, principalement dans des États à majorité républicaine. Sept des dix États où ces emplois progressent le plus sont d’ailleurs représentés par des sénateurs républicains.
Politique commerciale, droits de douane et Trump
Durant sa campagne, M. Trump a mis l’accent sur les tarifs douaniers. Sous sa direction, il pourrait y avoir un risque accru de droits de douane sur les importations d’énergie propre, notamment pour le solaire et les équipements de stockage en provenance de Chine. Cette situation n’est pas inédite, puisque les gouvernements démocrates et républicains ont tous deux étendu ces taxes : Trump avait ainsi imposé un droit de douane de 30 % sur les cellules solaires importées au titre de l’article 201, que M. Biden a ensuite maintenu à 15 %. Tout nouveau tarif pourrait encourager les promoteurs à se tourner vers des chaînes d’approvisionnement locales, au bénéfice des fabricants nationaux de matériel solaire et de stockage.
Le secteur automobile illustre cette même dynamique. Sous l’administration Biden, le secteur a déjà fait face à d’importants droits de douane. Par ailleurs, en raison de ses liens étroits avec Elon Musk, Trump semble avoir récemment adouci son discours sur les véhicules électriques (VE). Néanmoins, les avancées mondiales dans ce secteur sont trop substantielles pour être annulées. L’électrification des routes va continuer, avec un marché automobile offrant une gamme de VE compétitifs, bien accueillis par les consommateurs. L’industrie automobile nord-américaine, pour rester compétitive, ne peut ignorer ces tendances mondiales irréversibles.
Harris généralement plus favorable à l’investissement vert
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Source: perspectives énergétiques mondiales de l’AIE 2024
Bien qu’elle ait légèrement modéré son discours climatique et énergétique depuis sa campagne de 2019/2020, où elle soutenait le Green New Deal et s’opposait au forage public et à la fracturation, Mme Harris demeure plus orientée vers la durabilité, la résilience climatique et la réduction des émissions de carbone que son adversaire. Cela devrait se traduire par un environnement favorable aux investissements verts à long terme.
Sous une présidence Harris, les promoteurs d’énergies propres continueront probablement à bénéficier des crédits d’impôt de l’IRA, favorisant ainsi le pouvoir d’achat des consommateurs pour la rénovation énergétique et les installations solaires domestiques. Cela pourrait dynamiser le marché de l’énergie propre dans les foyers et améliorer l’efficacité énergétique des logements.
Harris et l’énergie solaire
Mme Harris a démontré un engagement fort envers l’énergie solaire, qui restera probablement un pilier de la stratégie énergétique américaine. Bien qu’elle n’ait pas de programme explicite pour les véhicules électriques, sa posture favorable aux technologies propres laisse présager un soutien continu. Une victoire de Harris offrirait un environnement stable et favorable aux investissements verts, tandis que son accent sur les réformes politiques accélérerait encore l’adoption des énergies propres aux États-Unis.
Un fil conducteur face aux principaux défis
Quel que soit le gouvernement en place, il sera confronté à des contraintes et opportunités similaires, avec des solutions qui devraient se ressembler. Dans cette optique, l’énergie solaire et le stockage par batteries sont essentiels pour pallier les limites du réseau et répondre aux besoins en électricité des centres de données, lesquels représenteront d’ici 2030 près de 6 % de la consommation électrique mondiale.
Par ailleurs, les conflits régionaux et les tensions géopolitiques ont mis en lumière les vulnérabilités de l’actuel système énergétique mondial, soulignant l’urgence pour les États-Unis de renforcer leurs politiques et d’investir davantage dans des technologies plus propres et plus sûres. Le dernier World Energy Outlook considère d’ailleurs la promotion de transitions énergétiques propres comme un levier crucial pour la sécurité énergétique.
Une conclusion plus équilibrée qu’attendu
À l’arrivée d’une nouvelle administration, les investissements et les dépenses en capital augmentent généralement, un point positif pour les infrastructures et les enjeux écologiques aux États-Unis. Bien que certains domaines puissent rencontrer plus de résistances avec un gouvernement qu’avec un autre, il est peu probable que le paysage global de l’investissement vert soit significativement perturbé. De plus, les grandes tendances de l’investissement vert sont mondiales, résilientes et capables de surmonter les soubresauts politiques. Dans ce contexte, nous recommandons une exposition diversifiée afin de limiter la volatilité tout en profitant de cette tendance structurelle.
Quatre thèmes d’avenir
La banque J. Safra Sarasin a identifié quatre thèmes majeurs offrant les meilleures perspectives d’investissement vert :
- la protection des écosystèmes,
- l’efficacité des ressources,
- la mobilité intelligente et
- les futures sources d’énergie.
En se concentrant sur les chaînes de valeur vertes, notre stratégie d’investissement nous permet d’identifier les technologies clés à l’origine de ces thèmes et de repérer les fournisseurs de solutions durables avec un fort potentiel de marché, tant aux États-Unis qu’à l’international.
Commentaire bourse du 22 novembre 2024 – Christopher Dembik de Pictet AM